mercredi 4 septembre 2013

Drôle de Gibier



Alexandre commanda une veste de chasse, un fusil et des guêtres : le tout lui coûta 660 francs, sans compter le permis de chasse.
Le jour de l'ouverture, vers les cinq heures du soir, Alexandre était découragé : il n'avait encore rien tué, mais il avait fait près de quinze lieues, et son chien Love plus de cinquante; l'un était exténué de crier et l'autre d'aboyer.
Tout à coup, Lové tomba en arrêt. Mais un arrêt si dur qu'on l'aurait dit changé en pierre.
cette vue, Alexandre oublia sa fatigue, courut comme un dératé, tremblant que Love ne forçât son arrêt, avant qu'il fût arrivé à portée. Mais il n'y avait pas de danger : Love avait les quatre pattes rivées en terre.
Alexandre le rejoignit, examina la direction de ses yeux, vit qu'ils étaient fixés sur une touffe d'herbe, et, sous cette touffe d'herbe, aperçut quelque chose de grisâtre.
Il crut que c'était un jeune per­dreau séparé de sa compagnie; et, se fiant plus à sa casquette qu'à son fusil, il coucha son arme à terre, prit sa casquette à la main et, s'approchant à pas de loup, il l'abattit sur l'objet inconnu. Puis, il fourra vivement la main sous la casquette et retira ... une gre­nouille.
Un autre aurait jeté la gre­nouille à trente pas; Alexandre, au contraire, la mit soigneusement dans son carnier, la rapporta chez lui, la transvasa, aussitôt rentré, dans un- bocal dont nous avions, la veille, mangé les dernières cerises, et lui versa sur la tête tout ce qui restait d'eau dans la carafe.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire