mercredi 4 septembre 2013

PLAISIRS D'AUTOMNE



Un Beau Coup De Fusil
J'étais au service d'un vieux marquis. On le disait le riche. Tous les mois, régulièrement, il allait à la ville pour toucher ses fonds. Par exemple, personne n'avait jamais vu le marquis rapporter de là ni sac, ni bourse. Où diable fourrait-il son argent?.
Un soir, les fonds touchés, nous nous en revenions à travers bois, le marquis devant, moi derrière, admirant superbe fusil qu'il gardait constamment en bandoulière.
Souvent nous rencontrions un lapin, des perdrix, des. cailles. Alors, le marquis épaulait, ajustait... et ne tirait- pas.. J'avais beau me creuser la cervelle, je ne comprenais rien
du tout à la: conduite du marquis.

Nous nous trouvâmes, à la nuit close, piste à moitié du chemin de la ville et du château.... Il fut décidé que nous nous arrêterions chez mon oncle, au « Logis dû Vieil Âne Bouge ».
Yu le délabrement des chambres, il fallut dormir à la cuisine, sous la cheminée, le marquis dans un fauteuil, moi sur un esca­beau. Un peu passé minuit, mon oncle entra avec son fusil et, me voyant les yeux ouverts : « Petit, veux-tu que je t'apprenne comment on tue un lièvre? ». Si je voulais! Seulement, je n'avais pas de fusil. « Prends-celui du. marquis, ça le dérouillera!. »
La tentation était trop forte : le marquis ronflait, le fusil brillait, je pris le fusil.
Nous voilà sur la route, au clair de lune.... « Attention, la bête est là. » Les herbes s'agitèrent, je vis l'ombre de deux oreilles, nos deux coups de fusil partirent à la fois.
Le lièvre tournait en broche quand, sur la pointe de huit heures, le marquis se réveilla. Il devint tout joyeux à l'idée de manger du lièvre.... Tout en découpant, mon oncle raconta mon aventure. « Comment, sartibois! tu as tiré avec mon fusil? dit le marquis devenu tout pâle; mais, j'avais mis vingt-cinq louis, vingt-cinq louis d'or, dans le canon, par-dessus la charge!»
Voilà : le canon du fusil servait au bonhomme de bourse et de cachette pendant ses voyages?...
« Allons, dit mon oncle, il n'y a pas trop de mal !... » Effectivement, vous m'en croirez si vous voulez, le coup avait presque fait balle, et tous les louis furent retrouvés l'un après l'autre dans le lièvre, à mesure que nous mangions, un peu enfumés, mais intacts et en bon état.

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