Lorsque commença à Strasbourg cette série de jours pluvieux dont tout le monde se souvient, Grédel et sa petite sœur , pour aller à
l’école, se prélassaient
sous un ample parapluie d'une solidité à
toute épreuve et d'un rouge sang de bœuf, pâli seulement par places dans le
sens des plis.
les passaient un matin dans une
rue noire et triste , devant une maison triste et noire. La pluie redoublait de
rage.. Un petit écolier, qui souvent flânait aux devantures, était, ce
matin-la, à l'abri sous une porte cochère. Au comble de la détresse, il regardait tantôt le ciel qui se fondait tout en eau, tantôt le ruisseau bourbeux qui
roulait des vieux papiers et des trognons de choux, tantôt les passants qui pataugeaient
dans la boue.
« Ohé du parapluie! cria-t-il. Une petite place, hé?»
Le soir, ils revinrent ensemble,
les meilleurs amis du monde, et bavardant comme des pies. Tout â coup, le petit
garçon dit d'un air de pitié « a ll y en a une là-bas qui n'est pas
heureuse, l'entends-tu tousser ?...»
Où demeures-tu ! demanda Grédel.
Rue de la Nuée-Bleue, répondit
la fillette entre deux quintes de toux.
Hum! rue de la Nuée-Bleue, ce
n'est pas ici; n'importe, Viens Avec nous, nous to reconduirons.»
A Le lendemain matin, le parapluie partit un
peu plus tôt et passa rue de la Nuée-Bleue, ou la pauvre fillette attendait ses
amis de la veille.... Et ce jour-là, un autres garçon vint, tout grelottant, se
blottir contre les autres voyageurs.
« Voila l'arche de Noé,
criaient les gamins. Voilà le parapluie-omnibus! »
Et tout le temps que dura cette
série de Jours pluvieux, le parapluie continua à changer sa route habituelle,
pour prendre ses voyageurs à domicile et les déposer au retour.
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